dimanche 3 septembre 2017

Ground Zero


Pour une fois, la quantification sert l'émotion. Un musée pour chaque chose à NY. Les Américains savent commémorer. Difficile de muséographier à vif le traumastisme encore ouvert. C'est plutôt bien fait, avec un mélange d'objets, une scénographie inventive au service de ce qu'on veut montrer, une balance réussie entre les individus singuliers et le collectif anonyme, par la superposition des voix et des messages écrits. L'exhibition, mal sonnant aux oreilles françaises, évite la faute, jusqu'à la boutique exclus, à une exception près : une brique de la maison où Ben Laden a été tué. La brique en terre sale, non.

Belle idée des deux bassins en fondations inversées, avec ces pleurs qui coulent à l'infini, et se perdent dans un puits central, dont on ne voit pas le fond. Simple et symbolique, d'un symbolisme qui parle à tous, sans les explications de l'art conceptuel.

Sens du détail dans l'organisation : à l'entrée des petites salles semi-ciculaires qui jalonnent le parcours, où l'on entend les derniers messages d'amour des passagers otages dans le quatrième avion, ont été disposés un distributeur de kleenex et une petite poubelle.

Les oeuvres d'art aussi ont eu leurs victimes. The Three Shades est réduit à une seule ombre : un homme de bronze décapité, poitrine ouverte, jambes tordues. Le groupe était à sa place en haut des Portes de l'Enfer. Comme un cauchemar de Rodin : le feu de l'enfer a terminé le puissant travail de déformation des corps.

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