dimanche 14 février 2016

Houellebecq par Chevillard


Au réveil, je fais un tour sur le blog d’Éric Chevillard, L’autofictif, pour prendre une leçon d’écriture quotidienne, une sorte de gymnastique mentale. C’est souvent drôle et profond. Mais quand il est sérieux, il lui arrive de manquer la cible. Par exemple ce 12 février 2016, sous le n° 2864 :
Et si le tableau du monde que dresse Houellebecq, ce côté sociologue balzacien sagace qu’on lui reconnaît généralement, n’était au vrai qu’une extrapolation de sa dépression et de sa décrépitude personnelles ?
Le ne… que réducteur, celui des maximes de La Rochefoucauld, relève ici du petit esprit sainte-beuvien, consistant à rabaisser l’œuvre à la dimension mesquine de la personne. Au vrai : on fait croire qu’on dévoile l’être sous l’apparence, alors qu’on fourre le nez dans les dessous, peu reluisants et mal odorants. Posons autrement le rapport entre « tableau du monde » et la personne de Houellebecq : sa dépression et sa décrépitude (affichées, revendiquées) ne sont-elles pas les conditions qui lui permettent de voir clair dans la marche du monde et d’en présenter un « tableau » juste ? À monde qui va mal, il faut peut-être des écrivains mal portants. L’humour d’Éric Chevillard lui assure une bonne santé réjouissante, en fin de compte.


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