dimanche 21 février 2016

Baden-Baden – 4


Allee Haus. C’est ici, la plaque de la maison en fait foi. C’était bien l’adresse qui figurait à l’en-tête de ses lettres. Les gardiens ignorent qui a vécu ici. Une mention explicite sur la Feuille de Bade apporte la preuve, irréfutable. C’était ici. Mais la maison a peut-être été reconstruite sur le même emplacement. Tout, à l’intérieur, sent le neuf : le plancher, les fenêtres, l’escalier. Il ne reste rien.


Schlostrasse. C’est au 7. Photos sous tous les angles, rêverie, plaisanteries sur les noms des sonnettes : le sien ne s’y trouve pas. Et puis non, c’était le 8 ! Retour sur place, re-photos. Avec un degré de certitude absolu : le mari a fait graver ses propres initiales dans la pierre. Du coup, on se retrouve dans la situation ridicule de Frédéric, fantasmant sous les fausses fenêtres de sa bien-aimée. Quelle différence, entre la vraie maison et la fausse ? L’émotion venait aussi bien. Affaire de croyance. De quelle nature, cette émotion ? Fétichisme, folie identificatoire, érudition s’humanisant, vertige de la coïncidence ?
Je photographie les marches usées, la vue qu’elle avait en sortant de cette maison. Temps gris, rue en pente. De quoi déprimer. D’ailleurs, elle déprima.


Vint-il la voir, quand il vint ? Il écrivait une histoire en rapport avec leur histoire. Peut-être eut-il peur de la revoir, comme un écran entre la fiction et lui.


Achern, imprononçable, Illenau. Des bâtiments grands comme une ville pour enfermer tous les fous, à droite, les folles, à gauche. Ces marches incurvées, ces piliers rayés, cette borne écornée a une chance d’avoir été là. Cimetière, à la recherche d’une morte depuis plus d’un siècle. La tombe a disparu. Double mort, comme on dit double peine.


Venu ici il y a combien, quarante et des années. Avec l’ex-épouse. Souvenirs de rats la nuit qui fourrageaient dans les réserves hors de la tente, plantée près d’un cours d’eau ; et la tache blanche d’un bâtiment, probablement le Casino.

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